🖊 Réouverture des cinémas : Nathanaël Karmitz et Charles Gillibert réagissent à cette annonce / 08.06.21
La réouverture s’accompagnera d’un couvre-feu repoussé à 21h, puis à 23h à partir du 9 juin. Ces mesures permettent l’ouverture de la séance de 21h, l'une des plus prisées des spectateurs. Nathanaël Karmitz, président du groupe MK2 et Charles Gillibert, président de CG cinéma répondent à l’annonce des nouvelles mesures.
« Pour la première fois depuis le début de cette crise, le gouvernement a entendu qu’il était important de s’organiser en amont, avec des étapes claires et une direction claire. Sur ce point c’est très satisfaisant. » affirme Nathanaël Karmitz (exploitant de salles et producteur) contacté par téléphone. « Toutes les précautions sont prises. Il y aura une veille territoriale et si survient une augmentation du taux d’incidence, les salles fermeront ». Une interrogation demeure : « On attend encore les annonces sur les dispositifs d’aides qui vont accompagner cette réouverture. En effet les jauges à 35 % puis à 65 %, et l’incertitude quant à la possibilité de vendre de la confiserie, risquent de rendre ces réouvertures non rentables. Mais nous sommes heureux d’avoir la perspective d’un retour à une vie plus normale. » Au sujet de l’accompagnement de l’État, Nathanaël Karmitz rappelle que «depuis le début de cette crise, ce soutien est une réalité. Dans les domaines de la restauration et du cinéma, c’est clairement des secteurs qui ont été soutenus. En comparaison avec d’autres pays comme l’Espagne, ou nous sommes aussi implantés, l’aide a été massive et continue. À ce titre on peut être satisfait et reconnaître que le gouvernement a été efficace dans les mesures économiques pour nous soutenir.»
À la question de savoir si de nouveaux protocoles sanitaires vont être mis en place, NK répond qu’il sont déjà suffisants et opérationnels. « Ce qui change ce sont les jauges. Avec ces 35 % de taux d’occupation, il y aura 2 fauteuils de libres entre chaque spectateur ou groupe de spectateurs ». Selon lui le système de renouvellement d’air, le volume des salles, le port du masque et la distanciation physique suffisent à mettre de côté les risques de contaminations dans les salles. « En Asie, en Angleterre, en Asie, les salles ont rouvert et, à ce jour, aucun cluster n’a été constaté dans le monde, dans une salle de cinéma ». NK a peu d’inquiétude au sujet de la reprise économique de ce secteur « Les gens ont envie de retrouver les salles de cinéma. Ça va être un bonheur, dans les mois qui arrivent, pour les spectateurs, de découvrir les films. Il y a une très belle offre cinématographique »
Charles Gillibert est producteur. « Mes films sortent en salle, et pour certains, ressortent. La jauge de 35% dans une salle, à priori, n’est pas un obstacle car nous avons pour les films d’auteur, en temps normal, un taux d’occupation d’à peu près 30%. Mais le risque est que des films plus commerciaux, à plus fort potentiel, prennent plus d’écrans pour rétablir l’équilibre. Les petits films risquent d’être mis de côté. Même prometteurs, ils auront moins accès aux écrans et disparaîtront très vite . » Serait-il possible de décaler la sortie de ces films d’auteurs ? « C’est difficile » répond-t-il. « Ce sont des films dont l’existence dépend des prix, de l’envie des journalistes, dont la curiosité est émaillée avec le temps. Il y a une temporalité dont il faut tenir compte. Et des mesures de soutien particulières du CNC nous incitent aussi à ne pas plus retarder leurs sorties». D’autres signaux positifs accompagnent cette réouverture des salles selon lui : « le festival de Cannes permet de nouvelles perspectives, il y a une remise en route du marché. Des salles rouvrent dans le monde entier, les distributeurs internationaux ont besoin de nouveaux films, et recommencent à acheter ».
Pour Timothée, croisé dans le quartier de Bastille, à Paris, le retour au cinéma se fera « sans inquiétude ». Il prend régulièrement les transports en commun et il lui paraît « beaucoup plus sûr d’être dans une salle de cinéma que dans le métro, avec des voyageurs qui portent leurs masques sur le menton ».
18 Mai - Constance Lacorne