🖊 Paroles de Lycéens après l'après l’annonce d’une nouvelle fermeture des classes / 06.06.21
Au terme d’ une année marquée par des interruptions, cette « génération covid », comme ils se nomment eux-même, est à la fois préoccupée par son avenir et soucieuse d’un présent diminué.
A la sortie du lycée Jean-Baptiste Say ,dans l’ouest Parisien, ils se regroupent bruyamment, les yeux souriants derrière leurs masques. Encore réunis pour trois jours ils ont appris hier soir que leurs cours se dérouleront la semaine prochaine en distanciel, ils ne retrouveront leurs salles de classe que le 3 mai.
Jade est élève en seconde « Je m’y attendais » dit-elle, « je pensais qu’on allait être confinés vu les chiffres ». À ces yeux ces nouvelles mesures ne signifient pas un nouveau confinement. Un « confinement », serait, selon elle, l’interdiction de se réunir avec ses amis avant 19h. Elle doute que cette décision suffise à enrayer la pandémie « Je trouve bizarre qu’ils aient décidé de fermer tous les établissements mais qu’on ait le droit de circuler. On peut sortir toute la journée, plus encore avec le couvre-feu à 19h » Eugénie, elle, est soulagée. Depuis la rentrée, être constamment dans l’expectative d’éventuelles nouvelles mesures était une source d’anxiété. Comme Jade elle préférerait un confinement plus stricte qui leur laisserait l’espoir, ensuite, d’une vrai liberté et d’un été sans masques. Néanmoins, ceux qui souhaitent des mesures plus radicales pour imaginer enfin une issue heureuse, savent l’épreuve que cela serait pour nombre d’entre eux.
L’inquiétude de Mathéo, se porte d’abord sur l’impact que l’éloignement de l'école aura sur leur moral. « Je pense qu’il va y avoir beaucoup de décrochages scolaire. En Ile de France, en début d’année, ils nous ont tous donné un ordinateur. Mais c’est compliqué de se motiver quand on est tout seul chez nous » Jade renchérit: « Même si ça nous donne plus de liberté, c’est toujours plus facile d’avoir des profs qui sont là et nous apprennent les choses. Et il y a souvent des problèmes techniques ». Tous s’accordent sur la difficulté que sont des journées ou l’espace se réduit à leurs chambres et pendant lesquelles ils ont comme seule perspective de se lever de leur lit pour rejoindre leur chaise.
Un autre sujet les préoccupent, être la « génération Covid ». William ne se sent pas préparé pour le bac de Français qui aura lieu l’année prochaine. Depuis le début de l’année il a eu quatre professeurs de Français différents. Lorsqu’il arrivera au moment de faire des études supérieures, son diplôme sera, selon lui, considéré comme un « diplôme covid », un diplôme donné, dévalué. L’année dernière ils considère avoir eu un « brevet gratuit ».
Pour Noa, qui se présente comme une élève sérieuse « On a rien qui nous donne envie de s’accrocher. C’est comme si on ratait nos études. Même si on a 16 de moyenne, on les a pas réellement. Moi je travaille beaucoup, je respecte les règles, je ne sors pas. Mais j’ai l’impression de perdre des années que je ne rattraperai jamais, que je perds des moments que je n’aurai plus. Mon adolescence, elle est avec masque. Et je ne sais pas à quoi ressemblera mon avenir »
Wiliam conclut et autour de lui ses amis acquiescent : « Si on regarde par rapport à l’avenir, on trouve que ces mesures ne sont pas assez fermes. Si on regarde par rapport au présent on trouve que c’est trop dur » .
Constance Lacorne